C'est à sa permanence de Gap que la députée de la 1ère circonscription des Hautes-Alpes a reçu le président et le vice-président de l'association Haut Buëch Nature le 22 juillet 2025 pour un entretien d'une heure.
A la suite de la lettre ouverte envoyée aux élus de la première circonscription le 26 juin dernier (voir article dans notre blog du2 juillet), la fin de la session parlementaire était l'occasion de recueillir les positions de notre représentante à l'Assemblée Nationale, sur le sujet de l'énergie, tant au niveau départemental que national.
Haut Buëch Nature : Madame la députée, quelle est votre vision de la transition énergétique et du mix électrique dans les Hautes-Alpes ?
Marie-José Allemand : Le département est plutôt vertueux sur le plan de la consommation électrique. La production, grâce au barrage de Serre-Ponçon permet de subvenir en grande partie aux besoins du département. Et encore, il pourrait encore produire davantage.
HBN : Que pensez-vous de l'énergie éolienne : Le projet Boralex dans le Haut Buëch a été retoqué, après que l'opérateur canadien ait été débouté de ses demandes devant le Conseil d'État. Cependant à la faveur des ZADER, d'autres projets éoliens pourraient voir le jour dans le Briançonnais.
MJA : Je suis opposée à l'éolien dans notre département. Je ne vois pas l'utilité de ces machines au regard de l'impact négatif qu'elles ont sur les paysages. Dans les Hautes-Alpes nous avons des parcs naturels nationaux ou régionaux et des sites remarquables qui confèrent une obligation de préservation de l'environnement partout dans le département. S'il s'avère qu'il y a effectivement des projets éoliens dans le nord du département, j'en parlerai à Valérie Rossi, la députée de la 2ème circonscription.
HBN : votre position en défaveur de l'éolien rejoint celle du président du département et d'un grand nombre d'élus locaux. Cependant se pose maintenant un autre problème tout aussi invasif et destructeur d'environnement : le photovoltaïque. Dans le Haut Buëch, des communes se sont associées dans un projet d'autoconsommation grâce à des panneaux solaires sur toiture, mais dans le même temps les projets de parcs au sol se multiplient, générant de la déforestation comme à Oze. (voir notre article du 16 juillet dansnotre blog).
MJA : Ce projet d'autoconsommation dans le Haut Buëch, à l'initiative des communes, est la bonne utilisation des possibilités du Photovoltaïque. Je suis contre l'implantation de panneaux photovoltaïques dans des zones naturelles telles que les forêts. Je dois cependant reconnaître qu'il y a dans nos petites communes un problème de finances locales qui incite à accepter de tels projets pour la manne financière qu'ils représentent.
HBN : Justement, que peut faire la députée à ce sujet ?
MJA : Malheureusement la députée n'est pas consultée sur ces projets d'énergies renouvelables. Mon avis n'est pas sollicité et bien souvent, je découvre l'impact de ces projets sur le territoire quand je suis invitée à leur inauguration.
HBN : N'avez-vous pas l'impression que cette politique de développement effréné des Énergies Renouvelables Intermittentes dans nos territoires, c'est un peu le citoyen des villes contre le citoyen des champs ?
MJA : Avec nos collègues des pays de montagne, nous siégeons tout en haut de l'hémicycle, c'est souvent la réflexion que nous nous faisons. Il y a une très grande ignorance de la majorité des députés sur les réalités de la ruralité. Par exemple j'ai récemment passé deux heures à expliquer à des collègues ce que voulait dire l'expression « bassin versant ». C'est un terme qui revient souvent quand on parle d'écologie, mais dont on ignore souvent la signification et ses conséquences. C'est comme pour la voiture électrique qui est une solution de niche urbaine, peu adaptée à notre réalité rurale.
HBN : Vous parlez de la voiture électrique, on peut aussi parler du retard dans la réindustrialisation de notre pays qui cause un excédent de production électrique non consommée avec des effets pervers sur la stabilité des réseaux et l'augmentation des heures à tarif négatif. Cela étant dû à une trop grande quantité de parcs photovoltaïques installés. Allez-vous voter les amendements à la prochaine Programmation Pluriannuelle de l'Énergie dite PPE 3 (1) ?
MJA : Je ne sais pas encore car je ne connais pas le contenu des textes qui vont revenir à l'Assemblée Nationale. Je ne suis pas favorable à un moratoire sur l'éolien et le photovoltaïque. Je préfère que l'on envisage un changement de politique s'il le faut plutôt que de décider de tout stopper et de réfléchir après à une nouvelle stratégie de développement de nos énergies.
HBN : Dernière question Madame la Députée. De par votre métier d'éleveur et votre passé à la FDSEA, vous maîtrisez parfaitement les problématiques agricoles. Que pensez-vous de l'agrivoltaïsme instauré par la loi APER de 2023 et qui permet d'installer des panneaux solaires sur 40% des surfaces agricoles pendant 40 ans ?
MJA : Je n'ai pas à proprement parler de passé syndical. Mon adhésion à la FDSEA a été la conséquence d'un engagement personnel dans la renégociation de la convention collective de la branche agricole et ma nomination comme conseillère prud'homale dans la section agriculture du tribunal de Gap. Je ne suis pas contre l'installation de panneaux photovoltaïques au sein des exploitations agricoles mais certainement pas sur des dizaines d'hectares. Je l'envisage sur des petites surfaces de landes ou de parcelles impropres à la culture, ou sur des hangars réellement utiles à l'exploitant, générant un petit revenu complémentaire.
(1) Note de Haut Buëch Nature : le projet de PPE 3 prévoit un doublement de l'éolien terrestre, 50 parcs éoliens en mer et 3 à 4 fois plus de parcs photovoltaïques. On estime que leurs coûts pour les 10 ans de cette programmation 2025-2035 serait de 300 milliards d'euros et générerait une nouvelle hausse importante des factures d'électricité pour les français.
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de gauche à droite : Jean-Philippe Salley, Marie-José Allemand, Jean Rousseau |
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