"Nous étions au bord du gouffre mais nous avons fait un grand pas en avant" : cette déclaration bien connue prononcée devant l'hémicycle par Félix Houphouët-Boigny alors député puis plusieurs fois ministre sous la quatrième république prend encore aujourd'hui tout son sens alors qu'a débuté ce lundi 5 décembre(1) l'examen de la loi sur l'accélération des énergies renouvelables à l'assemblée nationale.
Après la retraite en bande organisée des sénateurs devant l’affairiste ministre de la transition énergétique (2) (voir notre article du 7 novembre 2022), après le passage devant les commissions du développement durable et celle des affaires économiques de l'assemblée, et des milliers d'amendements qui rendent ce projet de loi encore plus abscons, l'heure est venue pour nos 577 représentants de prendre leurs responsabilités et de les afficher clairement à la connaissance des citoyens qui leur ont donné mandat.
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En effet, cette loi dictée sous la pression des opérateurs d'énergies éoliennes et photovoltaïques (ce sont souvent les mêmes) est la continuité des injonctions de la commission européenne sous influence des intérêts allemands et la surveillance des "grünen" antinucléaires et gardiens du temple de "l'energiewende" (transition énergétique) d'Angela Merkel qui est un fiasco écologique, économique, énergétique et politique"kolossal".
Calqué sur les recommandations de la directive européenne REPowerEU (voir notre article du 9 juillet 2022) la loi d'exception concoctée par le duo Borne-Pannier Runacher vise à imposer en France le développement aux forceps des énergies intermittentes au détriment des énergies pilotables comme le nucléaire qu'Hollande et Macron se sont évertué à démanteler et l'hydraulique que l'Europe voudrait bien privatiser. (voir dans notre article du 7 novembre les principales mesures coercitives de cette loi). Le grand "inspirateur" étant le candidat-président de la république himself dans son discours de Belfort du 10 février 2022.
Nous étions au bord du gouffre ...
Il est maintenant acté que la ruine de notre appareil de production électrique provient à la fois :
- de petits arrangements électoraux en 2011 entre Europe Écologie les Verts et le parti socialiste
- de plus de 20 années de renoncement de la France à sa souveraineté en matière d'énergie devant la commission européenne et l'Allemagne comme par exemple l'injonction d'Angela Merkel de fermer Fessenheim (3) (déclaration de l'ancien ministre des affaires européennes Pierre Lellouche, ce jour sur C News dans l'émission la Belle Équipe)
- Mais aussi "l'ignorance stupéfiante des politiques sur l'énergie" comme l'a parfaitement décrit Yves Bréchet, ancien commissaire à l'énergie atomique lors de son audition le 29 novembre dernier devant la commission d'enquête parlementaire de l'assemblée nationale.
Alors que les particuliers, et principalement les ruraux, s'attendent avec anxiété à subir des coupures d'électricité en attendant une prochaine hausse des tarifs de 15%, alors que bon nombre d'entreprises voient l'avenir s'assombrir du fait d'une facture énergétique insupportable, on ne peut plus faire croire aux français que le salut viendra d'une accélération à marche forcée des énergies renouvelables intermittentes (4) qui ne sont bénéfiques que pour ces multinationales qui réalisent des profits fabuleux.
Ce lundi à 9 heures du matin, heure à laquelle les délestages sont programmés, la production éolienne et solaire, faute de vent et de soleil - ce qui est courant en période hivernale - ne représentait que 3% de notre production électrique totale, ce qui obligeait d'importer 17% de nos besoins. L'utilisation de nos centrales thermiques (fioul, charbon et Gaz) a pour conséquence de doubler nos émissions de CO2. L'Allemagne, avec son électricité au gaz et au charbon et qui représente 1/3 de nos importations, reste un des plus gros pollueur d'Europe en émettant 6 fois plus de CO2 que la France.
La logique imposerait donc que l'on ne fasse pas le grand pas en avant (et dans le vide) que veut nous imposer ce gouvernement aux ordres des multinationales du vent et du soleil, de la commission européenne, et de verts idéologues subventionnés.
Le choix le plus raisonnable et sans doute le plus républicain serait que la représentation nationale rejette en bloc cette loi d'exception et réclame au gouvernement un plan stratégique sur la production électrique capable d'assurer à la fois notre souveraineté, la pérennité et la fiabilité d'une filière décarbonée à bas coût de production permettant une réindustrialisation massive du pays et le remplacement forcément progressif des énergies fossiles.
Les premières mesures d'urgence seraient non pas de bétonner le pays d'éoliennes et de couvrir ses espaces naturels de panneaux photovoltaïques - ce qui arrivera immanquablement si on laisse faire la ministre Pannier-Runacher - mais de sortir immédiatement du marché européen de l'électricité, de supprimer l'ARENH, de chasser ces soit-disant producteurs alternatifs qui ne produisent pas un KW d'électricité, ruinent EDF et concourent à l'opacité du marché et à la montée des prix, de redonner à EDF le quasi monopole de l'électricité en France et les moyens d'entretenir son outil de production.
Nos représentants à l'assemblée nationale ont trente petites heures pour faire le choix de la nation plutôt que celui des combines de partis et des intérêts privés. Rêvons !
Dernière minute :
Le Figaro pose cette question dans ses colonnes. Sur plus de 110 000 votants, 72,48% ont répondu NON.
Commentant ce résultat dans un courrier envoyé à chaque député(e), la Fédération Environnement Durable écrit :
"Concernant l'éolien ce projet est une erreur stratégique monumentale pour la France. Une électricité intermittente produite par des éoliennes ne résoudra jamais le problème de la fourniture d'électricité fiable, abondante et économique. Ce projet de loi est piloté par l'Allemagne qui a le pouvoir à Bruxelles et dont les intérêts dans le domaine énergétique sont contraires à ceux de notre pays.
Ne votez pas cette loi, ou amendez-la pour la rendre non toxique, sinon aucun gouvernement ne pourra contrôler l’envahissement de la France et de ses rivages par des éoliennes.
Concernant l’éolien terrestre vous allez donner les communes les unes après les autres en pâture aux promoteurs privés et aux multinationales."
(1) le 28 novembre la Conférence des présidents a programmé un temps de trente heures pour l’examen dans l’hémicycle du projet de loi d’accélération de la production des énergies renouvelables. Selon cette procédure, prévue par l’article 49 du règlement de l’Assemblée, un temps de parole maximal est fixé pour chaque groupe, quel que soit le nombre d’amendements déposés. Ceux-ci sont mis aux voix sans discussion lorsque le temps de parole alloué à chaque groupe est épuisé ... 30 heures et un temps de parole limité pour au final décider de l'avenir énergétique de la France qui risque de l'envoyer droit dans le mur pour quelques décennies !
(2) la ministre aux multiples portefeuilles, lauréate d'un prix "casserole" à la cérémonie ANTICOR 2021, bénéficie, comme d'autres hauts personnages de l'État, de l'indulgence macronienne et reste en poste malgré plusieurs affaires auxquelles elle est mêlée. Lire à ce sujet les articles parus dans Connaissance des Énergies du 13 juillet 2022, l'enquête DISCLOSE du 8 novembre 2022, la Lettre Patriote du 9 novembre 2022, l'article du Point du 9 novembre 2022
(3) les deux réacteurs de 900 MW chacun de la centrale de Fessenheim, en parfait état lors de leur fermeture par la première ministre Borne, représentaient à eux seuls la production moyenne annuelle de plus de 2 000 éoliennes
(4) Le facteur de charge d'une éolienne terrestre est inférieur à 25% de sa puissance nominale ce qui veut dire qu'il faut compenser son faible rendement et son intermittence en faisant appel à des centrales à gaz très émettrices de CO2 : une éolienne, c'est 1/4 de vent + 3/4 de gaz ! Pour le Photovoltaïque, c'est pire : 15% de soleil et 85 % de gaz !
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