contre le saccage des Pays du Buëch par les industriels du vent
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vendredi 17 juin 2022

L'énergie dans le débat des législatives : ne parlons pas trop des choses qui fâchent ...

Le débat entre les deux protagonistes du 2nd tour candidats à la députation organisé par Alpes 1, Le Dauphiné et Alpes et Midi vient d'avoir lieu. 

En direct sur Alpes 1, le débat entre
Pacale Boyer et Michel Philippo Photo Le DL

Après les considérations boutiquières d'usage à propos des réserves de voix et du débauchage des électeurs des candidat(e)s battu(e)s du 1er tour, nous attendions avec très grand intérêt les sujets ayant trait à l'énergie et ses conséquences sur l'économie, le pouvoir d'achat, la souveraineté nationale, l'environnement.

En l'absence de toute contradiction citoyenne (dommage que nos média locaux  n'aient pas plutôt organisé un face à face de chaque candidat avec un panel représentatif d'habitants de cette circonscription), Madame Boyer et Monsieur Philippo ont pu dérouler leurs discours de campagne dont on ne sait pas toujours quelle serait l'incidence réelle sur la vie au quotidien "des vrais gens" de la circonscription.

Nous connaissions déjà les positions de Monsieur Philippo, qui a eu la courtoisie républicaine de répondre aux questions de notre association, sur les sujets évoqués plus haut. Nous regrettons que pour la protection de la biodiversité, la sauvegarde de notre environnement en milieu de montagnes, le respect de la qualité de vie des habitants de nos petites communes rurales, il n'ait pas affirmé son opposition à toute implantation d'éoliennes industrielles dans notre département.

En ce qui concerne Madame Boyer dont nous connaissons l'appétence pour l'implantation d'éoliennes géantes sur les crêtes de nos montagnes du Buëch -ce qui justifie pleinement notre appel à ne pas voter pour elle- nous ne pouvons que déplorer sa totale méconnaissance du dossier de la montagne d'Aureille, à moins qu'il ne s'agisse d'un favoritisme aveugle et délibéré pour la multinationale canadienne Boralex.

Nous tenons, une nouvelle fois à apporter à Madame Boyer
les preuves contradictoires à ces propos erronés relatés
sur le site du Dauphiné Libéré du 10 juin.

1) le projet Boralex "aurait pu apporter des financements aux communes"
Madame Boyer semble ignorer les mécanismes de l'IFER qui font que 2/3 des retombées fiscales ne reviennent pas aux communes. Par ailleurs les loyers perçus au titre des baux emphytéotiques imposés par les promoteurs éoliens aux propriétaires de parcelles ne permettent jamais de faire face au démantèlement complet de l'éolienne en fin de vie après 15 ans de mauvais et déloyaux services (et surtout la fin des tarifs préférentiels de rachat du MWh accordés par l'État); la consignation d'environ 60 000 € imposée au producteur éolien étant totalement insuffisante. : La montagne d'Aureille resterait donc avec des masses enterrées de 1 500 tonnes de béton et d'acier dans le sol pour chaque éolienne. Enfin si les petites communes impactées toucheraient "le denier du pauvre", les habitants des communes riveraines n'auraient que leurs yeux pour pleurer sur les nuisances subies gratuitement.

2) le projet Boralex "ne dénaturait pas la beauté des paysages"
Madame Boyer n'habitant sans doute pas un de nos petits villages "reculés" du Buëch, elle n'imagine pas à l'évidence la proximité d'une éolienne haute comme la tour Montparnasse, fichée à 1500 mètres d'altitude à quelques centaines de mètres à vol d'oiseaux des habitations ! Enfin quand on parle de vol d'oiseaux, il n'y en aurait sans doute plus guère à proximité des éoliennes Boralex comme le relevait la Commission Nationale de Protection de la Nature dans son avis défavorable du 22 novembre 2017. Avant de solliciter (voir son courrier) 8 jours plus tard l'intervention de Monsieur Lecornu, éphémère secrétaire d'État à la transition écologique en faveur du projet du canadien, Madame Boyer aurait sans doute pu se tenir informée de près de l'instruction du dossier : la destruction d'une trentaine d'espèces protégées par les éoliennes de Boralex ne lui aurait peut-être pas échappé.

3) "Le préfet et le ministère avaient donné des avis favorables"  
Madame Boyer est-elle victime de son ignorance du dossier et des règles d'instruction en la matière ou alors, avait-elle reçu des assurances "anticipées" du secrétaire d'État Lecornu pour tenir de tels propos qui, encore plus aujourd'hui, sont mensongers ? Où alors s'est-elle laissée convaincre par les conclusions très personnelles de l'ancien préfet des Hautes-Alpes, Philippe  Court, avant même qu'il ne soit désavoué par sa tutelle ministèrielle ? Comme chacun le sait, le ministère a rendu un avis défavorable au projet Boralex en date du 19 décembre 2017, et la préfecture des Hautes-Alpes a rejeté la demande d'autorisation unique du promoteur éolien en date du 3 octobre 2018, (voir notre article du 21 octobre 2018), arrêt confirmé par jugement de la Cour Administrative d'Appel de Marseille en date du 10 juin 2022.

4) "on ne peut pas être à la fois anti-nucléaire et anti-énergies renouvelables"
Nous tenons à rassurer Madame Boyer que nous ne sommes ni anti-nucléaires ni anti-énergies renouvelables. Nous pensons que pour réindustrialiser la France, relocaliser notre économie, reprendre en main notre souveraineté énergétique, tout en décarbonant drastiquement nos activités, il nous faut rebâtir, sous l'égide de la seule EDF, un mix électrique performant, stable et pilotable à coûts modérés qui sera capable, comme le montrent les études sérieuses, de pratiquement doubler notre production électrique nationale dans les toutes prochaines décennies. Quant aux Énergies Renouvelables, nous pensons, comme le président du département qu'il faut privilégier l'hydroélectricité et le photovoltaïque sans anthropisation des espaces naturels. Nous nous opposons donc à l'archétype de l'intermittence énergétique et de l'escroquerie financière : l'éolien industriel qui ne sert à rien (7% de la production pour 8 000 éoliennes) , défigure la France, et comme le disait en mai 2015 Patrick Decostre, ancien directeur europe de Boralex, est un effet d'aubaine pour les multinationales qui cherchent à s'enrichir facilement.

5) "Pour sortir des énergies fossiles, il faut développer les énergies renouvelables sur notre territoire et que chacun prenne sa part"
Précisons d'abord que notre département est plutôt vertueux en PACA puisqu'il produit plus d'électricité qu'il n'en consomme grâce à l'hydraulique et au photovoltaïque. Sans doute par manque de connaissances sérieuses sur le sujet, Madame Boyer fait un amalgame entre énergies fossiles et production électrique. Si Madame Boyer n'avait pas fui depuis 5 ans toutes nos demandes de rendez-vous, nous aurions pu lui expliquer que la consommation électrique en France ne représente que 25% de la consommation finale d'énergie et que les secteurs les plus émetteurs de GES comme le CO2 sont le transport, le bâtiment, le chauffage et l'industrie. Ce sont sur ces secteurs qu'il faut prioritairement porter ses efforts et non sur la production électrique déjà décarbonée à 92% (source : RTE). Dépenser des centaines de milliards d'euros ( déjà 121 milliards d'après un rapport de la cour des comptes de 2018) pour soit-disant décarboner un secteur qui grâce au nucléaire et à l'hydraulique l'est presque totalement est complètement contreproductif. Pire : plus on installera d'éoliennes plus il faudra ouvrir des centrales de co-génération au gaz, émettrices de CO2, comme le confesse la Stratégie Nationale Bas Carbone de mars 2020 du gouvernement, car du fait de son faible facteur de charge (moins de 25% selon RTE) UNE ÉOLIENNE C'EST UN QUART DE VENT ET TROIS QUARTS DE GAZ ! 

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