contre le saccage des Pays du Buëch par les industriels du vent
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jeudi 4 mars 2021

Nuisances des éoliennes : des décisions de justice à suivre

Les nuisances des aérogénérateurs géants dans nos campagnes et leurs impacts sur l'environnement et la santé commenceraient-elles à être prises en compte ?
Deux décisions de justice récentes méritent d'être signalées car elles sont susceptibles de redonner espoir aux 1 500 associations qui en France luttent contre le saccage organisé de nos territoires ruraux.

Au terme d'une lutte de 8 ans contre le promoteur éolien Abowind, le Conseil d'État a confirmé le 12 février dernier les jugements précédents validant l'arrêté de refus de permis de construire de 6 éoliennes par la préfecture de la Charente Maritime, sur les communes de Allas-Bocage et Nieul-le-Virouil. Le litige portait sur les atteintes à l'environnement paysager et patrimonial ; le rapporteur public ayant également pointé du doigt l'impact sur la biodiversité : ces éoliennes placées dans un couloir migratoire pouvant constituer un effet barrière pour les oiseaux.

Dans l'Hérault, la sentence est encore plus ferme : le groupe Valeco a été condamné en première instance à démanteler ses 7 éoliennes construites sans permis sur la commune de Lunas et à remettre le site en état sous astreinte. Là aussi c'est l'issue d'un combat de 15 ans mené par les associations locales en raison des impacts négatifs sur les populations d'Aigle Royal et de Chauve-souris et la découverte plus récente de la mort d'un vautour moine. 

journal FR3 Occitanie

Pour autant les lobbys éoliens ne désarment pas malgré les décisions prises de-ci de-là en faveur de la préservation de la nature : les arrêts de justice qui leur sont défavorables sont contestés jusqu'à la dernière instance, le but étant d'épuiser financièrement les associations de citoyens qui leur tiennent tête.

Ou alors, comme dans le cas des éoliennes Voltalia à Échauffour (voir notre article du 29 janvier), malgré les engagements pris par la préfecture de l'Orne le 22 janvier, tout est fait pour retarder l'arrêt des éoliennes et peser sur les services de l'État afin de ménager les intérêts du promoteur éolien au détriment de la population (voir par exemple le témoignage d'une riveraine, éleveuse de chevaux).

Faut-il redouter un passage en force du projet Boralex dans le Haut Buëch ?

Au vu des décisions évoquées ci-dessus on pourrait espérer que le sort du canadien Boralex et ses 6 éoliennes de 150 m de haut sur la montagne d'Aureille soit scellé (1) :

- comme en Charente Maritime ou dans l'Hérault l'impact négatif sur l'avifaune et la destruction d'espèces protégées (vautour moine) avait été mis en exergue par les tribunaux : voir par analogie le suivi GPS des vols du Gypaète Barbu au-dessus du Haut Buëch réalisé par Life Gypconnect

- comme à Échauffour, l'impact acoustique sur les habitants a été révélé par Venatech, l'expert de Boralex, ce qui avait même conduit la multinationale à renoncer à 3 de ses éoliennes sur les 9 initialement prévues.

Cependant, l'hypocrisie de la macronie sur la question (voir nos articles des 16 janvier 2020 et 22 octobre 2019), le poids invraisemblable des lobbys éoliens au plus haut niveau de l'État et l'écologisme idéologique régnant chez les gouvernants, n'incite pas forcément à l'optimisme. C'est ce que soulignait l'association Patrimoine Environnement au retour d'une pseudo réunion de concertation au ministère de l'écologie : « Bientôt des quotas d'éoliennes à respecter dans les paysages français ? »

L'autoritarisme « jupitérien » de l'État qui vise à faire de nos campagnes des poubelles à éoliennes se met progressivement en place avec tous ses dispositifs : au niveau national, la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE 2019-2028 adoptée le 21 avril 2020), le Schéma Régional d'Aménagement et de Développement Durable et d'Égalité (!) des Territoires (SRADDET PACA voté le 26 juin 2019), le Schéma Régional de Raccordement des Réseaux aux EnR (S3REnR en cours de finalisation par RTE pour une mise en place fin 2021) et plus récemment l'injonction faite aux communautés de communes de s'engager d'ici le 30 juin 2021 dans un contrat de « ruralité, de relance et de transition écologique » (circulaire du premier ministre aux préfets du 20 novembre 2020).

D'ailleurs lors de la dernière réunion de la Communauté de Communes Buëch Dévoluy du 15 février, le conseil communautaire a délibéré afin de :
« - prendre toutes les initiatives pour défendre les intérêts du territoire concernant le développement des EnR et les infrastructures réseaux,
- engager toutes les démarches permettant à la CCBD, les communes volontaires et ses partenaires de réaliser des projets structurants » 

 Nous reviendrons prochainement sur ce sujet.

La mobilisation citoyenne contre tous les projets destructeurs de l'environnement et pour le respect de la qualité de vie des habitants est donc plus que jamais d'actualité !

(1)  L'instance de Boralex devant la Cour Administrative d'Appel de Marseille contre l'arrêté de la préfecture des Hautes Alpes refusant l'autorisation est toujours en cours.